Qui sont les 184.463 personnes qui perdront leurs allocations de chômage en vertu de la proposition de loi phare de la coalition Arizona? Voici les chiffres avancés par le ministère de l’Emploi, relayés par nos confrères de HLN.
La commission des Affaires sociales de la Chambre a adopté dans la nuit de vendredi à samedi vers 4h du matin le volet “emploi” de la loi-programme. Le texte a été adopté majorité contre opposition en première lecture, après près de 15 heures de débat. Ce volet contient la réforme du chômage, dont la limitation à deux ans des allocations. La commission doit maintenant procéder à une deuxième lecture, avant de passer en plénière à la Chambre. L’objectif est que la loi soit adoptée avant les vacances d’été.
Tous les chômeurs de longue durée ne perdront pas leurs allocations au même moment. Par crainte que les CPAS soient submergés, la réforme se fera par vagues.
Le 1er janvier 2026, la réforme doit d’abord s’appliquer à 25.404 personnes, dont la moitié sont au chômage depuis plus de 20 ans. L’autre moitié sont des jeunes diplômés qui perçoivent encore une allocation d’intégration, destinée aux jeunes qui ont des difficultés à trouver un emploi après leurs études et qui n’ont pas encore suffisamment travaillé pour avoir droit à une allocation chômage régulière.
À cette date, à peu près le même nombre d’hommes (13.114) et de femmes (12.291) perdront leurs allocations de chômage. Une moitié des personnes concernées est peu qualifiée: 12.046. Il s’agit principalement de Belges (23.366). Le nombre de ressortissants d’autres pays de l’UE est limité à 1.392 et seules 646 des personnes concernées sont issues de pays hors de l’UE.
À noter que 4.559 Flamands perdront leurs allocations de chômage le 1er janvier prochain, contre 15.652 en Wallonie, soit trois fois plus.
Doivent suivre, le 1er mars 2026, 42.349 demandeurs d’emploi inoccupés depuis plus de 8 ans. Là encore, les hommes sont légèrement plus nombreux (23.835) que les femmes (18.514). Les personnes concernées ont quasiment toutes plus de 40 ans. Plus de dix mille, soit un quart, ont 55 ans ou plus. Seules 37 ont entre 25 et 30 ans et 1.728 entre 30 et 35 ans. Sur ces querlque 42.000 personnes concernées, on compte précisément 17.169 chefs de famille, 13.805 isolés et 11.375 sous le statut de cohabitation légale.
Puis, le 1er avril, ce sera au tour des personnes au chômage depuis moins de 8 ans, soit 45.183 personnes. Une moitié d’entre elles sont peu qualifiées (23.311), 19.709 résident en Wallonie et 33.319 ont la nationalité belge.
Une seconde vague est ensuite prévue le 1er juillet 2026. Elle doit concerner 40.122 personnes. Le 1er juillet 2027, les dernières personnes (17.447), concernées par la période transitoire, quitteront le système. La réforme touchera au total 184.463 personnes.
Deux milliards d’euros d’économies
La suppression des allocations chômage devrait permettre de réaliser près de deux milliards d’euros d’économies. De leur côté, les CPAS craignent d’être submergés de demandes d’aide de la part de personnes qui cesseront subitement de percevoir des allocations chômage. Devant la commission des affaires sociales de la Chambre, le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), a promis que les CPAS recevraient “une compensation financière substantielle et suffisante” dès 2026. La somme de 300 millions d’euros est évoquée.
Le gouvernement fédéral part du principe que tous les bénéficiaires d’allocations de chômage concernés ne solliciteront pas l’aide des CPAS. “Un tiers d’entre elles sont aujourd’hui tellement éloignées du travail” qu’il est peu vraisemblable qu’elles retrouvent un emploi et se tournent dès lors vers l’aide sociale, a reconnu le libéral. On suppose par ailleurs qu’un chômeur sur trois trouvera un emploi avant la suppression de ses allocations. En plaçant une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, la réforme entend pousser les chômeurs de longue durée à redoubler d’efforts pour retrouver un emploi.
Parmi les personnes qui n’ont pas droit à l’aide du CPAS figurent les jeunes qui vivent encore chez leurs parents, les personnes vivant en couple avec un revenu ou celles qui possèdent suffisamment de biens immobiliers pour vivre. Le gouvernement fédéral part du principe que ce dernier groupe “disparaîtra des statistiques”.
Tous les CPAS ne seront évidemment pas touchés de la même manière par la réforme. Celui d’Anvers (10.123) s’attend à accueillir le plus de demandeurs d’emploi, suit celui de Bruxelles (7.825), de Liège (7.791), puis de Charleroi (7.426).